Du 24 au 30 janvier 2016 : Changez de côté, vous vous êtes trompés ! (Partie 2)






À première vue, pour un non-initié, le village de Kuujjuaq ressemble à s’y méprendre à n’importe quel autre village Québécois que l’on peut trouver sur la Côte-Nord; des maisons, des rues, des magasins en nombre limité….très limité même, des écoles, etc. Mais, à y regarder de plus près, il ne faut pas longtemps pour se rendre compte que : Les motoneiges et les quads côtoient les automobiles et camions sur les routes, beaucoup de véhicules roulant sur des pneus d’été malgré les routes couvertes de glace. Les arrêts-stops semblent ici plus une suggestion qu’une obligation, faut dire que le sable et le sel sont également absent du système routier !


Le Northern ! Le magasin Général


Le village est divisé en plusieurs secteurs au gré de la construction domiciliaire. Les demeures privées y sont rares étant donné le coût exorbitant des matériaux suite à leur transport par bateau. Ici, il faut prévoir longtemps d’avance; véhicule, chaloupes, matériaux, tout arrive par bateau et seulement deux ou trois fois par année durant l’été.

Caro sur son lieu de travail. Oubliez le manteau, c'est chauffé ! Quelle belle vue à l'extérieur
Un cale-porte Inuit !


Chaque année, il peut se construire, mettons, une vingtaine de nouveaux bâtiments. Ce peut-être vingt quadruplex commandés par l’administration Régionale du Kativik pour loger ses employés. Ces derniers déménagent dans de nouveaux appartements subventionnés, (le loyer habituel étant de $400 ou $500 par mois) et leurs anciens appartements deviennent libres pour héberger de nouveaux locataires, en général, les résidents du village.

 

En parcourant le village, vous arriverez ainsi au secteur des employés de l’hôpital, à celui des employés de l’ARK, celui des employés d’Hydro-Québec et ainsi de suite. Étant donné que ces secteurs deviennent à usage unique, nous y voyons un léger problème de ghettoisation ! Cette façon de construire en îlot ne favorise pas nécessairement une intégration et un mélange de la population. Il faut bien le dire, cela fait l’affaire de certaines personnes.

En attendant le printemps !
En attendant le prochain bateau !


Revenons à une autre caractéristique typique du Nord : La valse des camions ! On parle ici de gros camions style livreur d’huile à chauffage, d’ailleurs, certains en sont car le chauffage des maisons utilise l’huile au lieu de l’électricité. Il y a toutefois deux autres types de camions assez spéciaux et en voici l’explication.
Le Grand Nord est majoritairement composé de roc à fleur de terre. Oubliez la terre arable, la culture des patates et des tomates. Imaginez maintenant la pose de tuyaux d’eau potable et d’égouts dans un tel sol en vous rappelant que de telles installations doivent être enfouies à une profondeur minimale de 8 pieds (2 mètres). Mission impossible !!!
La solution est de munir chaque bâtiment de trois réservoirs : Le premier sert à emmagasiner l’huile à chauffage, le deuxième l’eau potable et le dernier, vous l’aurez deviné, sert de fosse sceptique ! Un système de lumières extérieures avise les chauffeurs du besoin de remplissage ou de vidange des citernes. Les camions blancs pour l’huile, en stainless pour l’eau et jaune pour l’autre. Tous les chauffeurs sont inuits et celui qui gagne le plus haut salaire est le conducteur du shit truck ! Avec une population de plus de 2000 habitants, c’est une valse incessante de camions dans les rues.

 



 
 

C'est le gars le mieux payé !!!


Il fait froid, très froid, même frette en ta… pour notre premier matin! Cela ne nous empêche pas de bien nous vêtir et d’aller effectuer notre première randonnée pédestre dans le village. Nous nous rendons ainsi jusqu’à la rivière Koksoak car, contrairement à de nombreux village Inuit, Kuujjuaq n’est pas situé au bord de la mer mais à environ 50 km du point le plus au Sud de la Baie d’Ungava. À une latitude de 58°Nord, Kujjuuaq est plus au Sud que Whitehorse (60°) et Yellowknife (62°).

 

Il est midi, c'est la hauteur maximale du soleil.
Deux corps de Police, même combat !
L'École secondaire.


Le vent refroidit les esprits et les bouts de nez mais, grâce au soleil, nos manteaux et nos mitaines, nous résistons vaillamment à Monsieur Mercure.

BBbbbrrrrrr.................


On ne détruit jamais un bâtiment. Ici, l'ancienne église anglicane.


Pour l’après-midi, c’est en camion, piloté par Dominick, que nous partons explorer un autre secteur de cette région. La No-where Road mène…nulle part ! Quelques kilomètres y sont ajoutées à chaque année et l’espoir est de se rendre, un jour, jusqu’à Dry Bay où l’on pourrait construire un véritable quai pour accueillir les bateaux. Présentement, les bateaux sont déchargés au large et le transfert s’effectue en barge avec tous les inconvénients qui peuvent en découler. Pas assez d’eau, trop de vent, encore gelé et le bateau repart sans décharger avec le matériel espéré depuis l’an dernier !

En attendant cette future vocation, la route passe par le dépotoir et…le Canadian Tire version inuit ! Tout ce qui n’est pas réutilisable se retrouve au dépotoir pour être enseveli ou brûlé. Le reste se retrouve au Canadian Tire avec son département métal, pneus, matériaux de construction et autres. Il faut comprendre que lorsqu’une compagnie de construction reçoit le mandat de bâtir 20 logements, il lui faut prévoir 20 toilettes ! Pour compenser les bris et pertes possibles, il en commandera donc 22. Si tout va bien, les deux toilettes restantes se retrouveront au Canadian Tire. Vous avez fendu un pneu, il y a sûrement un spare qui vous attend là-bas.

Département des pièces attachées de style Kenny U-Pull !

Département des pneus, neufs et usagés !


Ce qui est remarquable le long de cette route est la végétation qui s’amenuise peu à peu pour devenir inexistante. Nous poussons jusqu’au crusher, le concasseur qui sert aux rêves d’élongation de ladite route. Avec le froid mordant et le vent qui souffle aujourd’hui sur le roc dénudé, je dirais que c’est probablement l’endroit le plus inhospitalier que j’ai connu.

On approche de plus en plus de ... Nulle Part !


 

Par contre, le blanc est d’un blanc immaculé. La sloche ici ? Connaît pas !



En revenant vers le village, un arrêt s’impose à l’un des nombreux chenils de chiens de traîneaux que l’on peut trouver à l’extérieur du village. Wouf-wouf et rewouf font les pitous en mal de caresses et voilà que Madame Minou se tranforme en Matante Pitou. Il n’y en a que deux qui, n’inspirant pas confiance, ne reçurent pas de câlins.





Pour souper, Caroline et Aileen nous font découvrir la courge spaghetti ! Le cannibale en moi s’interroge et désespère mais, dès les premières bouchées, le doute se dissipe et l’appétit s’installe. Tellement bon que nous avons ramené la recette avec nous ! 
 

10 commentaires:

  1. Y'a pas à dire, même quand il n'y a rien, il y a quelque chose à voir. À quand la partie 3?

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    1. Patience, je me suis coupé le bout de l'index gauche, ça tape mal sur le clavier !

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  2. Super intéressant. J'ai toujkours rêvé d'aller dans le Grand Nord. merci! je visite avec vous.

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    1. Profitez-en, c'est gratisssssse, contrairement aux produits de chez Northern !

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  3. Des photos instructives, des photos romantiques: beau reportage.
    Vous ne connaissiez pas la courge spaghetti? Et elle se vendait là-bas?
    De la sloche? Il doit bien y en avoir... au mois de juin!
    IL y a quelques années, on a pensé y aller, genre 4 jours = 4,000$. On y a renoncé. Mais la croisière qui fait quelques villages en été m'aurait plus tentée. On va se contenter de vos photos.

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    1. Bien sûr que la neige fond mais elle demeure blanche ! Selon moi, la croisière dont tu parles est celle du Relais Nordick et il ne fait que la basse Côte-Nord, pas le Nunavik.

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  4. Très bon et instructif reportage. Moi aussi, je suis surprise que vous ayez trouvé de la courge spaghetti dans le grand nord.

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    1. En fait, nous l'avions apporté avec nous mais c'est disponible au Northern, suffit de demander.

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  5. Je suis allée sur Google Maps pour me faire une idée des rues où vous vous êtes promenées. J'ai même vu Kuujjuaq Inn où vous avez mangé votre pizza. Sylvie a l'air de s'être faite de nouveaux amis parmi la gente canine. Ils vont avoir hâte qu'elle revienne.

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    1. Bonne idée mais, à vol d'oiseau, c'est bien différent. Nous y retournons pour Noël et le Jour de l'An.

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