Du 9 au 15 novembre 2016 : B.M.P. : Un Hôpital merveilleux.

Bon, j’avais demandé à Caro de garder le silence-radio sur cette aventure tant que Sylvie serait à Gore en attente de notre future petit-fils mais, devant l’imminence de l’opération, je me suis résigné à prendre le cellulaire (oui, oui, c’est interdit mais on ne peut pas faire de longue distance avec le téléfon du BMP) et à appeler ma douce ! Elle a d’abord crû à une blague, non mais, moi ? Faire des blagues ? ON s’est entendu qu’elle resterait à Gore et qu’elle aurait droit de visite en fin de semaine seulement.

Aucun souvenir de l’opération. Je me réveille dans la chambre 372A, ma partenaire de chambre et également de pneumo-thorax se nomme Ghislaine. Intéressante, jasante et allumée ! On va en profiter pour échanger un peu sur tout et sur rien. Son pneumo à elle est dû à une mauvaise manœuvre d’une chirurgienne et non d’une remorque. On nous a remis à tous deux un spiromètre pour effectuer des exercices de respirations question de retrouver notre capacité pulmonaire. On se prépare donc tous deux pour aller compétitioner aux futures olympiades des poumonneux, on vise pas moins haut que la première et deuxième place, dans l’ordre ou le désordre.

Je me fais un devoir d’apprendre rapidement les prénoms de mes infirmières. Un peu de têtage apporte toujours de meilleurs résultats qu’une attitude hautaine. J’avais un cousin qui était abonné aux hôpitaux en raison d’une défaillance rénale. Il n’en revenait tout simplement pas de l’attitude de certains patients, moins patients que d’autres et me répétait toujours la même phrase : Pierrôt, quand t’es à l’hôpital, t’es pas à l’hôtel !

Garder le lit, boire beaucoup de liquide et prendre de la morphine !

J’ai donc utilisée la cloche d’urgence…..pour les urgences seulement et il n’y en a pas eu beaucoup.

Il y a fort longtemps dans le temps jadis d’autrefois, on strappait les patients aux côtes fracturées. Un genre d’énorme corset qui enveloppait le patient d’un doux cocon réconfortant. Malheureusement, le confort cachait un gros problème en ce sens que le corset comprimait également les poumons du malade et que ce dernier se retrouvait en insuffisance pulmonaire à plus ou moins court terme selon le degré de serrage du corset. J’utilise l’expression court terme au lieu de long terme pour faire référence au fait que le patient se retrouvait avec le souffle court et non le souffle long !

La routine s’installe rapidement; une shot de morphine aux quatre heures, une shot d’Éparyne?, d'Éfarine ? aux huit heures, une tite-pilule pour ci et une tite-pilule pour ça, lever à 06h15 chaque matin pour un rayon-X du poumon avec ce que cela implique comme mouvements très douloureux aux côtes pour sortir et entrer dans le lit.

C’est justement vendredi matin que les infirmières ont vraiment raté leur coup pour me remettre au lit. Selon Ghislaine, j’ai hurlé de douleur lorsque j’ai senti ma clavicule foutre le camp vers une direction non-souhaitable. Par la suite, il y a eu interdiction formelle de toucher à mon ti-body sans autorisation et sans directives!

La bouffe ? Pas pire pantoute malgré une présentation des plus redondantes ! Une boule de pétates pillées, une portion de fèves vertes ou jaunes et deux tranches de viandes ( dinde, porc, rôti de bœuf, etc), un yogourt, une salade de fruit, rien que du bon et aucun risque pour l’embonpoint.

Pas évident non plus le lavage à la débarbouillette avec une seule main mais, pour les cheveux, miracle, il se vend un ti-casque avec tout le matériel requis pour te redonner une tête de vivant sans pellicule et sans gratouillage. Tu ouvres le paquet, tu mets le ti-casque, tu fais masser par Sylvie partout, partout, tu enlèves le ti-casque et tu essuies avec une serviette.

Mais qui c'est sais-tu qui s'en va visiter une fromagerie tantôt ? (Gilles Duceppe)

Après Madame de Pompadour, Monsieur le Pomponné !

Mais revenons à l’hôpital B.M.P. un hôpital hors-normes qui subsiste malgré les coupures en santé depuis belle lurette. C’est que le Comté de Brome-Missisquoi est résolument bilingue et que la population anglophone n’a jamais accepté que l’on touche à SON hôpital. Ajoutez-y le fait que la Fondation BMP est sûrement la plus féconde de la Province, que les spécialistes de toutes sortes se bousculent aux portillons pour y exercer.

Tout le personnel semble flotter dans la bonne humeur et chaque professionnel n’a que de bons mots pour ses collègues; c’est le meilleur, c’est la plus fine, etc ! Avec tant de positif, pas étonnant que le patient se remette sur le piton plus rapidement.

J’ai une arme secrète pour m’attirer les sourires de mes infirmières : Ferrerro Rochers !

À celles qui refusent, je leur explique qu’il ne s’agit aucunement d’un pot de vin car, même advenant un refus, elles devront prendre soin de moi anyway ! Ça marche !

On commence à se sentir vraiment mieux !

Ce fut ainsi pendant 5 jours au bout desquels ma chirurgienne de style Suédoise à l’immense sourire m’annonce que l’on va procéder à l’enlèvement du drain dans ma poitrine. J’ai un petit serrement un peu plus bas devant cette perspective. J’aurais bien aimé vous mettre une photo de la dre Miriane Stevens-Lebel mais il n’y en a aucune sur le web à part sa photo de facebook en costume de femme-grenouille !

Stevens, Stevens, mais c’est le nom du chirurgien qui a opéré mon ti-cœur en 2014 ! Coïncidence ! Elle ne le connait pas ! Par contre, elle a fait sa médecine avec dr Garant, mon médecin de famille, et m’assure que je ne peux être en meilleures mains.

Finalement, c’est assez simple comme opération qui se déroule directement dans votre lit ! La chirurgienne et l’infirmière Christine sont gantées et masquées mais, il est trop tard, je les ai reconnues !!!

On commence par enlever les gros pansements qui, comme de raison, sont collés dans le système très pileux du Pierrôt. Que voulez-vous, un gorille, ça vient avec du poil !

Le point le plus important est de cesser complètement de respirer durant l’extraction. Il ne faut surtout pas qu’une seule molécule d’air profite de l’ouverture pour aller s’infiltrer dans mon corps d’Adonis ! On enlève le tube, on recoud le trou et on peut ensuite respirer tranquillement. Il suffit d’attendre une couple d’heures et on retourne à la maison, youppi !

Que dire d'autre que...Merci !