J’ai écrit la
prochaine aventure pour remercier tous les gens qui se sont occupés de moi, qui
m’ont fait part de leurs encouragements, de leur sollicitude. Pour tous ceux
qui ont pris la peine de venir me visiter ou simplement de communiquer avec moi
via Face de Bouc ou le Téléfon de Monsieur Bell. Recevoir un appel du
Nouveau-Brunswick et même du Maine, ça réchauffe le cœur, merci les Matantes !
Merci
Caroline, merci Danielle, mes deux infirmières privées et merci Josbélix
d’avoir effacé les traces de la mésaventure avant mon retour.
C’est donc
l’histoire d’un autre voyage dont je ne peux que vous souhaiter de ne pas répéter
et qui s’intitule : Voyage à l’Hosto !
Jamais nous
n’aurions cru avoir si bien fait que de ramener Forest avec nous à la maison.
Nous n’avions non plus aucune idée de la façon dont ça allait changer nos vies
pour les deux prochains mois.
J’étais vraiment
heureux de voir cette température de novembre si douce qui nous a permis de
tout ranger à l’extérieur, de vider puis
d’hiverniser Forest selon les règles de l’art. C’est la suite qui fut
imprévisible…
Comme tout le
mois de novembre s’annonçait aussi doux, j’en profitai pour passer la commande
de 100 tonnes de roches de rivière de calibre de 1 à 6 pouces à étendre tout le
long de la berge de notre étang.
Une quantité
de 100 tonnes représente l’équivalent de 7 ou 8 camions 10-roues et le premier
envoi représentait 25 tonnes. Je me suis donc mis au travail avec mon ami Jean
Chevreuil. John Deere pour les amis !
Tout allait
bien au fil des allers-retours mais, trouvant que la pelouse en mangeait une
claque à cause des pneus agressifs du tracteur, j’ai opté pour une autre façon
de procéder, plus rapide, moins dommageable mais qui allait me coûter cher.
Je possède
deux tracteurs; le John Deere diesel de 23 forces et un Craftsman 26 forces à
essence avec lequel je coupe l’herbe et qui me permet d’y accrocher une
remorque, une maudite remorque à marde !
L’idée est de
charger la remorque avec deux-trois et même quatre pelletées de raisins secs
puis de la reculer au bord de l’étang pour la décharger.
Mais non, je
ne suis pas tombé dans l’étang, continuez donc de lire, espèce de mauvaises
langues ! Malgré que, à bien y penser, cela aurait été mon genre !
Ça allait bon train ! |
Le problème a
commencé avec le Craftsman qui prenait mal son gaz et que je devais entrer
dans le garage pour resserrer le
carburateur. J’ai donc entrepris de dépinner la remorque pour qu’elle attende
sagement mon retour. C’est là que ma vie a basculée, au sens propre comme au
sens moins propre !
Le chargement
devait représenter un 500 à 600 livres de roches, très bien équilibré dans la
boite. Je n’ai eu aucune difficulté à défaire l’attelage et à manœuvrer la
remorque pour la tasser un peu. C’est seulement lorsque j’ai voulu installer la
patte de support et que j’ai soulevé un peu la barre de tire que le centre de
gravité du chargement s’est déplacé vers l’arrière.
En
comparaison, c’est comme être sur un quai et de pousser un bateau vers le
large. Une fois son élan pris, essayez maintenant d’attraper l’un des câbles
d’amarrage et de retirer le bateau vers le quai, c’est la saucette assurée.
Même principe pour un wagon de chemin de fer, très facile à mettre en mouvement
d’une simple poussée mais quasi impossible de l’arrêter une fois lancé.
Donc, revenons
à la remorque, elle se met à verser vers l’arrière, ce qui en soit n’aurait eu aucune conséquence si ce n’était de la patte de support qui m’a agrippé le
pantalon au niveau de l’entre-cuisse. Je me suis senti soulevé, lentement,
inexorablement, exactement comme le projectile d’une catapulte !
Je suis monté
comment haut, combien de temps avant que Newton ne me rattrape ? Aucune idée,
c’est très flou et comme dans un nuage mais, par contre, l’atterrissage, lui,
je m’en souviendrai toute ma vie !!!
J’ai atterri
sur le dos, tout à plat ! Le premier morceau qui a touché terre est mon
omoplate droite qui s’est enfoncée dans ma cage thoracique en faisant un
affreux bruit de craquement et me
coupant tout souffle.
Supposément
qu’il y en a qui voit leur vie défiler dans de tel moment. Moi, je que j’ai vu,
c’est la fin de mes travaux pour la saison car je savais très exactement ce que
ce CRAC signifiait ! En fait, le pire était à venir.
La douleur,
atroce, profonde, qui ne laisse aucun doute sur la sévérité du choc. Tu te
tords de douleur en grapillant un peu d’oxygène le temps que l’adrénaline et
les endomorphines fassent leur travail. J’ai crié au secours, un peu, mais mes
cris ne portaient pas très loin !
J’ai eu besoin
d’un quart d’heure environ ou ce qui m’a paru un quart d’heure pour réunir
assez de force pour me tourner, me mettre à quatre pattes puis m’agripper à la
remorque pour me remettre debout. Ensuite, je me suis aligner vers la maison
avec la mission ultime d’atteindre au minimum le bas de l’escalier de la
galerie. Caro est à l’intérieur, j’ai besoin d’elle.
On se retrouve
rapidement à l’hôpital de Cowansville, nommé BMP pour Brome-Missisquoi-Perkins.
Trop épais pour attendre la chaise roulante, je me traîne jusqu’à la salle des
urgences sous le regard curieux des usagers en attente. Je m’écrase au triage
mais je n’aurai même pas à y passer, une porte de côté s’ouvre, une chaise
roulante apparaît et l’urgence m’avale.
Je peux
maintenant vous le dire, c’est la conjointe de Josbélix, le copain qui m’épaule
et m’encourage dans mes travaux extérieurs, qui a ouvert la porte ! Elle
travaille là…c’est elle la Boss ! Dès le premier regard, elle m’annonce que ma
clavicule est foutue ! Ça débute bien ! On réussit à
sauver le chandail de polar et la vieille chemise de mon père que je porte au
travail mais le t-shirt subira la torture du ciseau. Aucun respect, même pour un Tommy
Hillfiger !
Danilou, mon infirmière préférée ! |
À l’intérieur
d’une demi-heure, on m’a shooté à la morphine et passé aux rayons X. La
conclusion n’était pas très difficile a imaginé; la clavicule est cassée avec
trois éclats qui se baladent aux alentours de la fracture. Comme les deux
extrémités se touchent, la nature devrait ressouder le tout avec un peu de
chance et beaucoup de temps.
Dans les bras de Morphine ! |
Du côté des
côtes (je sais, j’ai déjà fait de meilleurs jeux de mots), c’est l’hécatombe !
Dans le dos sous l’omoplate, sous la clavicule et, en prime, le tissu
cartilagineux des côtes flottantes à l’avant. Celles qui font le plus mal,
celles du dos ! À compter de maintenant, interdiction formelle de tousser,
d’éternuer, de se racler la gorge et d’écouter des histoires drôles !!!
On m’explique
également que j’ai un pneumo-thorax. Une partie de mon poumon s’est décollée de
ma cage thoracique d’où ma difficulté à reprendre mon souffle, il va falloir
m’opérer et me poser un drain qui retirera l’air qui se trouve entre le poumon
et la cage. Je connais le truc, j’y ai eu droit en février 2014 lors de mon
opération à cœur ouvert.
Pendant la
nuit, aux urgences, le médecin de garde qui est aussi mon médecin de famille
vient aux nouvelles et rajoute des anti-inflammatoires à la morphine, quelle
bonne idée, j’adore mon médecin !
Au matin, je
passe par le bloc et on m’installe le drain que je garderai pendant 4 jours.
Avec ce pataclan, c’est dodo au lit, mangé au lit et pipi au lit. Pour éviter
les phlébites et les caillots, on me donne une belle dose de Warfarine aux 8 heures
! Oui oui, de la mort aux rats, un anticoagulant ! Assez poussé comme médecine,
ha ha ha .
Ça semble beaucoup pire que la réalité ! |
dire quand peu de temps, tu va recommencer à grimper des montagnes, rouler vers la chaleur, faire 500km en vélo en avant midi, creuser une piscine olympique pour vos petits enfants, bref la routine pour toi...juste prendre le temps de bien guérir avant....
RépondreEffacerJe sais, je sais, j'ai tendance à exagérer, mais avec toi, si peu!!!
Mais oui, à peine !
EffacerQui prenait les photos?
RépondreEffacerC'est mon autre infirmière: Caro !
EffacerOMG! Savais pas! Quelle poisse! Bon courage et de la patience, puis tu seras sur 2 pattes à charrier ta gravelle.
RépondreEffacerDe la patience, ouais ! Faut donner le temps aux os de se ressouder, y'a pas de recette miracle pour ça !
EffacerJ'avais les larmes aux yeux et mal partout en lisant ton récit. Une chance que je connaissais la fin car j'aurais eu peur pour ta vie. Bon rétablissement et je souhaite que vous pourrez faire votre voyage dans le Grand-Nord quand même.
RépondreEffacerRIEN ! Du moins presque rien, ne pourras arrêter le Pierrôt !!!
EffacerImpayable comme description, c'est sublime! Quel bonheur, à présent pouvoir de pouvoir rire de ces événements qui eux ne portaient pas même à sourire! Yvan a hâte de pouvoir vous rencontrer, on verra après les Fêtes si c'est possible... en attendant je te souhaite de la patience et une guérison complète. Prenez soin l'un de l'autre!
RépondreEffacerAu plaisir...
Mieux vaut en rire qu'en pleurer ! Nous aussi on a bien hâte de vous rencontrer.
Effacer