22-23 mars 2011, Lafayette vers Bâton Rouge

Mardi, 22 mars 2011, Grisou Hospital :

C’est dans la belle brume du matin que nous nous réveillons grâce à l’option alarm-clock de notre cellulaire. Faudrait bien songer à investir dans une petite horloge à mettre dans Grisou puis, à bien y penser, pourquoi donc ?

A 08h30, nous sommes déjà chez V-Plus accueilli par un petit siamois quêtant les caresses. À l’intérieur se trouve deux autres chats dont l’un souffre probablement de paralysie cérébrale ou quelque chose comme ça, vraiment marrant de la voir marcher comme s’il était complètement ivre. Le minou, lui, s’en fout carrément, personnellement, il trouve que ce sont tous les autres chats qui marchent bizarre.

Le bureau est un vrai capharnaüm, un ramassis de pièces jonchent le sol, mes litres d’huile sont là aussi, fraîchement achetés. Il y a aussi les litières à chats et toutes une série de magazines traitant de VW. Au milieu trône le sosie de Kathy Bates devant son ordinateur. C’est grand et il n’y a pas un seul espace de libre

Accueillants ? Comme si nous faisions parti de la famille! Sylvie est fortement invitée à venir s’asseoir à l’intérieur sur un superbe tabouret de garage mais elle préfère s’installer drette sur le bord de la rue dans sa chaise pliante, le nez plongé dans un autre roman de James Lee Burke.

Chris Manuel, le propriétaire mécano m’invite alors à monter dans Grisou pour le changement d’huile. Je m’interroge fortement sur la direction à prendre lorsqu’il me lance un : OK, just back here ! tout en me désignant un endroit un peu plus dégagé devant le commerce : C’est là qu’il travaille, dehors, couché par terre. Selon Sylvie et moi, il doit prendre congé les jours de pluie!  C’est aussi une vraie cour à scrap en devenir tout autour du garage!

Par contre, je n’ai pas un mot à dire sur le professionnalisme et le travail effectué. Bon, vous me direz que c’est juste un changement d’huile mais on a beaucoup parlé et, croyez moi, il connait bien son domaine. Nous reprenons la route à peine 45 minutes plus tard, le plus long ayant été la rédaction de la facture 100% détaillée.

Premier constat, les valves ne claquent plus et l’huile plus dense empêche les lifters de se décharger, bravo. Par contre, cette huile donne du fil à retordre au sensor de pression d’huile et l'alarme se déclanche à chaque décélération. Un peu stressant mais on s’y habitue. C’est juste platte qu’on n’en soit même pas au milieu de notre voyage. J’ai quand même consulté la liste des garages recommandés par Roadhaus, la bible des VW, et les mécanos ne manquent pas dans la région d’Hollywood.

Vous nous excuserez du manque de photo, on a agi par civilité et respect. Mais maudit que ça aurait été le fun de filmer cela !!!

Petit détour par le Catfish pour récupérer les vélos et Ti-Zou puis nous quittons la région de Lafayette pour celle de Bâton Rouge. «Sur le bord du Mississippi se trouvait un cyprès à l’écorce enlevée et dont le tronc était couvert du sang d’animaux offerts en sacrifice, nous décidâmes d’appeler cet endroit Bâton Rouge». Sieur LeMoyne d'Iberville 1699.

Nous nous dirigeons vers St-Francisville en passant par New Roads et en prenant un traversier pour traverser le Mississippi. Juste de l’autre côté se trouve Bayou Sara avec ses superbes maisons. Dans le temps du coton, en 1790, Bayou Sara était le port cotonnier le plus achalandé du Sud. Le dîner se prend sous les live oaks du Memorial Park.








Sylvie doit s’ennuyer un peu de son travail car elle nous dirige vers le Pénitencier d’Angola. Dans les années 30, ce dernier avait la réputation d’être ‘’The bloodiest prison in USA’’. Maintenant le système de gestion en vigueur est cité en exemple partout. Il faut comprendre que les prisons d’État des States sont gérés comme des entreprises et doivent officieusement être autosuffisantes et, même mieux, rentables. C’est là que l’expression «Payer sa dette à la société prend tout son sens». Cette visite fait partie également de notre pélérinage romanesque car tous les méchants des livres de Burke sortent ou retournent à Angola.


En fait, la visite se résume à un petit musée mis en place par les ex-gardiens et les détenus. C’est gratuit et sans guide. Il y a aussi des visites guidées à l’intérieur de la prison mais il faut faire partie d’un groupe et notre groupe de 2 n’était pas assez important.









Le petit musée est tout de même des plus intéressants pour une vieille police. On y relate les évasions tentées avec moultes photographies. On y exhibe aussi une vraie de vraie chaise électriques ayant servi 86 fois. Il est toutefois interdit de s’y asseoir sauf si vous êtes acteur et qu’on soit en train de tourner un film. Cette prison a d’ailleurs servi de décor dans de nombreuses productions hollywoodiennes dont  Monster’s Ball avec Hally Berry et Dead Man Walking avec Susan Sarandon et Sean Penn.




La grande majorité des détenus d'Angola n'en sortiront jamais et sont donc destiné à y mourir.. Devant cette certitude, ils ont décidé de faire les choses en grand et se sont construits une limousine du dernier voyage, avec chauffeur bien sûr!








Le camping de ce soir est le Peaceful Pines RV Park, anciennement le Green Acres que nous avons cherché en vain. C’est sous la houlette de Bill le Gailuron que ce terrain devrait reprendre vie. D’ailleurs, nous avons le plaisir d’inaugurer la toute nouvelle chambre de bain des dames et d’étrenner la douche de 36 pouces. Le Pierrôt aussi car celle des hommes n’est pas encore prête!







Mercredi, 23 mars 2011, Bâton Rouge :

Lever dans un brouillard un peu  moins dense et surtout beaucoup moins trempant que les autres matins. Notre ami Piteux Pitou nous attend justement pour s’éclater avec nous. En vérité, nous pensons que ce chien est aussi à la retraite.










Juste à coté du camping se trouve la Plantation Oakley, un State Historical Site car James John Audubon y a séjourné quelques mois et y a peint 32 esquisses de son fameux livre: Les oiseaux d’Amérique. D’ailleurs, une copie de la première édition de ce livre vient de se vendre aux enchères pour la somme de 11,5 milions de $$$$.








Ce n’est pas la plus belle plantation ni la plus grande mais l’une des plus riches pour les années du début 1800. En comparaison, le propriétaire du temps pourrait être comparé à notre Bill Gates aujourd’hui. 

A son apogée, la plantation comptait 3200 acres et 250 esclaves.






 
Le site comprend un musée, la maison, des bâtiments mais surtout des sentiers sous les arbres et, comme nous sommes encore au printemps, les fleurs jaillissent de partout et jonchent le sol. C’est une merveilleuse façon de débuter la journée. Pour les marcheurs, le trajet camping-plantation est de 5-10 minutes, pas plus.








C’est maintenant notre arrivée dans la Capitale. Nous n’y sommes pas les seuls Québécois. Un Safari Condo nous dépasse juste avant la sortie et c’est derrière un View que nous faisons notre entrée sur les terrains du Capitole.

C’est grand, c’est haut, une idée de grandeur sortie tout droit de la tête du Gouverneur de l’époque Huey P. Long, en pleine dépression (l’époque, pas le Gouverneur) de 1930. Le Monsieur Long en question ne fait pas l’unanimité. Ses partisans disent qu’il a sorti la Louisiane de sa misère mais les autres crient qu’il l’a vendue à la Pègre. Selon moi, l’un ne va pas sans l’autre !

Un après midi, le Gouverneur quitte le Capitole en empruntant son ascenseur privé. Les portes s’ouvrent et il se retrouve face à un dénommé Docteur Weisser qui se met à le menacer avec un petit pistolet. Les gardes du corps ouvrent le feu, à la mitraillette SVP, un vrai carnage, le Docteur est coupé en deux avant même d’avoir pu tirer une seule balle. D’ailleurs, encore aujourd’hui, personne ne sait le pourquoi de sa présence et s’il avait l’intention de tirer ou non. 
Quoiqu’il en soit, le Gouverneur gît par terre, transpercé par les balles de ses propres gardes, il mourra plus tard dans la nuit.

 La visite du Capitole est relativement courte : On passe à la fouille puis tu peux aller zieuter un peu partout sans problème. 
 Tu montes au 24ième étage, tu en prends un autre et tu arrives au 27ième où se trouve une belle tite-passerelle d’observation extérieure. De là-haut, tu vois toute la ville et tu te rends compte que c’est bien beau vers le sud avec tous ces jardins mais que les raffineries de pétrole sont tout juste dans la cour arrière.


Nous avions comme projet d’aller visiter le Vieux Capitole en forme de château-fort ainsi qu’une autre plantation nommé Magnolia Mount mais une Fabuleuse Aventure nous guettait au coin de North Street et de 4th street N.

Sur le coin sud-ouest se trouve un Subway et, comme il est 14h00 et que les toasts au Cheez-Whiz sont rendus pas mal loin, on s’y arrête. Nous commandons normalement mais, au moment de payer, le patron me demande qu’elle langue nous parlons : Le français ? il appelle sa femme et l’informe de ce fait et voilà qu’elle se met à nous jaser cela avec un français directement sorti de l’Europe en nous demandant de quelle région de France nous venons. Ha Ha Ha, mais nous venons du Québec, nous Madame, on est des Cousins (même si on est aussi des Mononc’s en folie mais ça c’est une autre histoire.)

Elle semblait tellement heureuse qu’une fois notre sandwich avalé, je pars la kidnapper derrière le comptoir pour l’amener à notre table. C’est quand même la femme du patron et le rush-hour est terminé. Elle s’asseoit avec nous et nous compte son histoire; ahurissante et bouleversante.

Native de la Guinée en Afrique et d’origine arabe, elle part au Liban pour faire ses études dans une école italienne catholique. Elle y rencontre son mari de 22 ans son aîné, neuro-chirurgien, et tous deux partent s’établir à Paris. Elle y a deux enfants qui sont également médecins aujourd’hui puis quitte son mari après 20 ans de vie commune. Elle rencontre ensuite son présent mari au Liban, ce dernier venant juste de se séparer d’une épouse américaine. Ils se marient et vivent maintenant à Bâton Rouge en Louisiane. Elle nous confie tout cela sans retenue ni gêne et nous sommes touchés par ce geste de confiance.

Elle s’appelle Magda si j’ai bien compris et a encore des rêves : Retourner aux études, apprendre à conduire et élever une autre petite fille qu’elle a eue ici et qu’elle envoie à l’école française. S’il se donnait des médailles pour la persévérance et la bonté d’âme, j’appuierais la candidature de Magda sans hésiter. Nous lui avons laissé notre carte de visite pour que sa fille puisse lui lire nos aventures. Alors, nous lui disons, va à l’Université, explique leur ta vie, prends un seul cours pour débuter, vas-y le soir s’il le faut, pour apprendre mais aussi pour rencontrer d’autres gens et leur conter ta belle histoire, tout va s’enchaîner par la suite. Go Magda Go ! On se revoit possiblement l’an prochain à notre retour du Texas. Merci pour les biscuits.

Quelle belle façon de terminer une journée, elle aurait voulu que nous rencontrions sa fille mais il fallait bien continuer notre route. Il était trop tard pour aller visiter quoi que ce soit, nous nous sommes donc contentés de passer devant le Vieux Capitole puis la Plantation. Nous avons ensuite traverser le Mississippi fait quelques emplettes et trouver un terrain pour la nuit.

Le Cajun Country Campground affiche No Vacancy mais Grisou s’y trouve quand même une place. Comme au Peaceful Pines, 80% des terrains sont occupés par des travailleurs de l’industrie pétrolifère. Le camping vient juste d’inaugurer son système wi-fi mais nous nous rendons compte assez vite qu’il ne fonctionne pas et, comme la demoiselle à l’acceuil quitte malheureusement pour la soirée, il ne fonctionnera pas de la soirée non plus. Elle va appeler la compagnie Cox demain matin and she is sorry for all that ! 

C’est quand même pas ça qui nous a empêché d’aller faire une première saucette dans la piscine. Ça vous rafraîchit un d’sous-de-bras assez rapidement merci!

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